Les murs arc-en-ciel
Après le rendez-vous avorté du Festival Massimadi, après l’initiation par le sénat d’une proposition de loi qui restreint encore plus leurs libertés, une fraction de la communauté LGBTI en Haïti se met à l’activisme. Elle se met à rêver d’une société haïtienne plus égalitaire et tolérante des différences. Sur les murs de Port-au- Prince depuis Juin 2018, s’affiche leur nouveau combat. Celui d’une jeunesse LGBTI en mal de reconnaissance, celui d’une société qui, sur cette question, veut se refaire une morale.
Il pleuvine sur Petit-Goâve. Seuls les phares des voitures qui traversent la route Nationale #2 éclairent cette partie de la cité rattrapée par la nuit. Trois hommes qui s’étaient abrités à cause des averses reprennent l’ouvrage qu’ils avaient entamé une demie heure plus tôt. Luc, le meneur, active le flash de son portable et demande aux deux autres de se hâter. Les regards des curieux qui s’arrêtent à leur hauteur ne le rassurent pas, donc il fait vite. Les peintures qui n’ont pas eu le temps de sécher ont dégouliné, elles se sont mélangées, les couleurs sont à refaire. C’est l’arc-en-ciel LGBTI qui surgit, cette minorité dont une partie de la société haïtienne ne veut pas entendre parler. Deux ans après le fiasco du festival, une partie de la communauté LGBTI ne s’avoue pas vaincue. Elle revient à la charge avec la campagne « Non à la Discrimination ». Une manière pour cette fraction de rouvrir le débat. La proposition de loi du Sénat laisse présager de sombres augures : l’heure est à l’action.